Kalehe : 600 morts dûs au changement climatique et à l’irresponsabilité politique de l’Etat Congolais

Kalehe : 600 morts dûs au changement climatique et à l’irresponsabilité politique de l’Etat Congolais

22 mai 2023 Non Par Rédaction

« Comme au quotidien, la journée du 4 Mai 2023 semblait se terminer parfaitement. Aux alentours de 17h15′, une pluie tombe en abondance et tonifie les rivières Chishova, Nyamukubi, Lukungula et Kabushungu et celles-ci débordent. A la fin de la pluie les flancs des collines lâchent et tombent. Une boue transportant arbres, pierres descend en force sur le village Bushushu et Nyamukubi jusqu’à emportent à leurs passages des maisons et des infrastructures et causant des centaines de morts.» a déclaré Valet Chebujongo, militant de la Lucha et habitant de la Kalehe.

Dans un briefing hebdomadaire du 8 mai, le porte-parole du gouvernement congolais, Patrick Muyaya, précise que 401 compatriotes ont perdu la vie d’après le dernier décompte, plusieurs autres sont encore disparus, des maisons, des écoles et des centres de santé sont déjà détruits. À l’heure actuelle, le bilan est bien au-delà. Les organisations de la société civile parlent de plus de 600 morts.

Les causes, consequences du drame de Kalehe

Une des causes de cette catastrophe est le changement climatique. Dans une recherche publiée au 5 mai 2023, par la revue Nature, des chercheurs estiment que les hausses de températures et des précipitations dans les mondes vont modifier les modes de canalisation d’eau. Les gouvernements doivent ainsi construire les systèmes de canalisation d’eau pour les adapter aux grandes quantités des précipitations.

Pour Bienvenu Matumo, spécialiste en géographie et politique : « Condamner le changement climatique ne suffit pas. Il faut des mesures d’accompagnement du climat. Malheureusement nos gouvernants actuels ne pensent qu’à leurs petits intérêts égoistes. La population est abandonnée et lutte seule contre les grandes mutations climatiques. Et on est au niveau où rien ne choque plus nos politiciens congolais. C’est inhumain et c’est grave. »

Dans le territoire de Kalehe, à l’est de la République du Congo, sur les rives du Lac Kivu, les populations sont pauvres et n’ont pas accès à l’électricité. Pour la cuisson, elle utilise le bois de chauffage. Ces dernières années, plusieurs arbres ont été abattus pour être utilisés pour la cuisson. Ce déboisement a rendu les collines fragiles aux éboulements.

Les pistes de solution, selon le membres du mouvement citoyen Lutte pour le Changement, LUCHA

Un autre habitant de Kalehe, Guelord Chembe, explique que la réponse du gouvernement après le drame a été cruelle. Le lendemain de l’éboulement, les membres des familles n’ont pas eu la possibilité d’aller reconnaître les cadavres de leurs proches. Ils ont été enterrés dans une fosse commune. « On voulait faire le deuil après le drame. Mais malheureusement, les autorités ont décidé dans la précipitation de jeter les cadavres dans les fosses communes. les rescapés sont dans les centres de santé qui n’ont pas d’aide en medicament. Et même actuellement, l’aide en vivre est insufisant en train d’être distribuée dans le désordre. »

Guelord a perdu plus de 18 personnes de sa famille dont son frère biologique, sa belle sœur et ses neveux, sa grand-mère et ses tantes et oncles. Il a aussi perdu sa maison. Il vit dans les tentes de fortunes.

Pour Bienvenu Matumo, au-delà de l’urgence qui s’impose, il y est impérativement nécessaire d’agir pour la prévention de ces genres de drames notamment par l’accès à l’électricité dans les familles afin de limiter la pression sur les arbres. Il faut un plan de reboisement des collines et un travail de canalisation d’eau en agrandissant les lits des rivières de ces zones à risques.

En ce sens, les jeunes activistes de la section de la Lucha à Kalehe ont initié un fundraising pour soutenir le reboisement de leur territoire et la sensibilisation pour la protection de l’environnement. Ils pensent aussi qu’à ce moment de crise, il faut appuyer les élèves et étudiants en les aidant à payer les frais scolaires et frais académiques. Sinon, certains vont abandonner les études.