Paul Kagame, un modèle de gouvernance ou le nouveau style de dictateur ?

Paul Kagame, un modèle de gouvernance ou le nouveau style de dictateur ?

5 octobre 2023 Non Par Rédaction

Adulé par ceux qu’il sert ; admiré par ceux louent le développement basé sur les indicateurs de la banque mondiale ; aimé par ceux qui tombent sous le charme de la publicité agressive de notre temps ; détesté par ceux qui vivent les guerres dans lesquelles son pays est impliqué. L’homme fort du Rwanda depuis bientôt trois décennies est Paul Kagame avec ses 67 ans d’âge dont 23 ans en tant que chef de l’Etat. En 1994, à seulement 37 ans, il est devenu chef de l’armée et vice-président.

Photo: internet, common licence creatives commons

Le président rwandais a annoncé sa candidature à sa propre succession aux élections d’ Août 2024 pour un quatrième mandat. Il n’y a pas eu assez de réaction interne ou externe sur son éternisation au pouvoir. Son homologue sénégalais, Macky Sall, peut l’envier, son peuple l’a contraint à apostasier. Teodoro Obiang Nguema de Guinée Équatoriale, Paul Biya du Cameroun ou Denis Sassou Nguesso de la République du Congo ont un dénominatif de dictateur. Ils font face à des contestations internes, celles des diplomates, des médias occidentaux et la pression des organisations non gouvernementales internationales en des périodes électorales. Mais quand il s’agit de Paul Kagame, il y a un silence.

Le président Rwandais a la légitimité de certains pays bien que les libertés dans son pays soient restreintes et que ses opposants soient souvent éliminés et contrôlés. Il envahit la République Démocratique du Congo et son pays pauvre.

Dans son rapport 2023, l’organisation human right watch écrit :  “Le Front patriotique rwandais, -parti cher au président rwandais- a poursuivi sa campagne contre les opposants réels ou perçus du gouvernement. Des détracteurs, y compris des blogueurs et des journalistes, ont été arrêtés, menacés et visés par des procès. Certains ont déclaré avoir été torturés en détention.” Le cas récent est entre autres celui de Paul Rusesabagina, un des fondateurs  du Mouvement rwandais pour le changement démocratique (MRCD). Quelques mois avant sa libération, il avait écrit une lettre dans laquelle il a assuré qu’il se tiendrait désormais éloigné de la vie politique. Il fut libéré et emmené aux Etats Unis où sa famille l’attendait après 900 jours de détention.

Concernant l’occupation du Rwanda de la partie Est de la République du Congo, les experts des nations unies ont des preuves consistantes de l’implication du Rwanda. Paul Kagame a toujours nié l’implication de son armée dans cette guerre.

Le Rwanda est un des vingts pays les pauvres au monde, avec un produit intérieur brut par habitant inférieur à 1000$ l’an. En août 2019, une enquête du journal britannique Financial Times indiquait que le gouvernement rwandais avait modifié ses statistiques sur la pauvreté pour essayer de montrer des évolutions significatives au-delà de la réalité.

Pour certains analystes, Paul Kagame sait donner l’image positive de son pays à l’étranger en mixant intelligence et malignité. Ses manœuvres qui étouffent tout image négative de lui et du Rwanda par des pratiques oppressives font de lui un modèle de leader très controversé. Pour les activistes, il est clair que le Rwanda n’est pas le pays de la démocratie et des droits humains. Pour eux, seuls les aspirants despotes peuvent prendre Kagame comme “role model”.

Bienvenu Matumo, activiste du mouvement citoyen LUCHA disait que Kagame a réussi là où de nombreux prétentieux dictateurs ont échoué. Il joue le jeu de l’occident à n’importe quel prix au détriment de son peuple et de la dignité des africains. 

Un des contrats indignes est celui de Kigali et Londres sur la déportation des immigrés non utiles à la Grande Bretagne. Bien que la Cour d’appel britannique ait jugé que le plan était illégal, alléguant que « le Rwanda n’est pas un pays sûr pour les migrants », le gouvernement rwandais ne déchante pas. Il ne va pas remettre l’argent reçu (140 millions de livres sterling) par ce qu’il est prêt à recevoir des migrants.

La phrase de l’empereur romain Caligula “Oderint dum metuant” traduit du Latin par “qu’ils me haïssent pourvu qu’ils me craignent” aurait tout son sens dans les rapports de force entre Paul Kagame et ses détracteurs sur les sujets chauds notamment l’occupation des pays voisins. Certains activistes, comme Kemi Seba l’appellent le sanguinaire, le criminel. 

Le prix Nobel de la paix Denis Mukwege demande incessamment la justice pour le genocide congolais dans lequel des plusieurs dignitaires rwandais sont présentés comme meneurs dans certains des 617 crimes documentés dans le rapport mapping.

Cependant, le leadership de Kagame, bien qu’il souffre de manque des libertés et de démocratie, de dignité humaine, est un exemple dans la gestion des finances. En effet, le Rwanda Revenue Authority avait séduit l’Office togolais des recettes dans la centralisation et la gestion de l’ensemble des revenus publics nationaux. Le Ghana et l’Ouganda ont aussi été inspirés par la gestion rwandaise des finances publiques. 

Différemment de plusieurs pays africains, le Rwanda n’accepte que les projets internationaux correspondant à ses propres priorités. Le Rwanda a élaboré sa propre stratégie de développement pendant que de nombreux pays africains n’en ont pas ou sous-traitent leurs plans de développement à des cabinets internationaux.