Les routes congolaises sont très mauvaises et très insecures, cas de la nationale numéro 4
10 octobre 2023Pour entamer un voyage de Butembo à Kisangani, il faut réfléchir plus d’une fois puisque tant l’on sait le jour du départ mais celui de l’arrivée reste un mystère. De fait, on pouvait passer sur ce tronçon d’environ neuf cents kilomètres il y a une dizaine d’années trois ou quatre jours ; actuellement, il en faut au moins une, deux ou trois semaines voir un mois et plus.

Si en effet, l’activisme des groupes armés, ces monstres porteurs de la mort aux incursions sporadiques, sème la peur au ventre et réduit « l’espérance de vie » aux heures à passer sur le tronçon Beni-Komanda-Mambasa, beaucoup se résolvent de faire un détour via Mangina, se fiant au fameux « convoi militaire » initié il y a près d’un an.
Dans les faits, ces terroristes se passent de tout : ils tuent, kidnappent, brûlent les véhicules avec ou sans ce convoi. Sabotage ou complicité ? Difficile d’en dire un mot.
Il faut donc passer par Mangina. Une option plutôt psychologique parce qu’on se convainc qu’au moins là on serait en sécurité. Ce qui n’est pas évident puisque, ces terroristes sont capables de tout. Cette route, on l’emprunte quand-même, et ce, malgré les nombreuses barrières mis par différents services étatiques des villages traversés. Et comme le malheur ne vient pas seul, depuis plus d’un an, le port qui relie Teturi à Mai-Wano sur la rivière Ituri a cédé. Pour traverser, les conducteurs se débrouillent avec les villageois qui y font déjà de belles affaires. Et si les travaux de reconstruction de ce pont peinent à avancer, certains soupçonnent des détournement des fonds de la part des personnes impliquées.
Après avoir traversé la rivière Ituri, on roule plus ou moins bien sur une trentaine de kilomètres jusque dans la cité cosmopolite de Mambasa. C’est une phase qui se clôt, celle de la peur des tueurs des groupes armés ADF/NALU, CODECCO, et d’autres milices non autrement identifiées. Après quoi, un véritable chemin des croix commence.
Les bourbiers constituent des stations de pause. Ils se succèdent les uns après les autres. Entre-temps, les policiers, les militaires, les gardes-parcs, les agents de la migration, ceux du péage-route extorquent à chaque véhicule une somme d’argent dans la plus grande opacité. Il faut payer pour se déplacer sur une plate-bande boueuse tel un champ des patates remuées. Il faut payer pour avancer et s’embourber encore à quelques mètres et payer ensuite dans l’espoir d’arriver un jour à destination.
Les trous sont si profonds qu’ils avalent des grosses camions. Ils font faire le tonneau aux grosses voitures quatre fois quatres. Ils font consommer n’importe quelle pièce d’une voiture : les moteurs, les freins, les pneus. Les vitres et les épaves sont tellement sales que la couleur n’est point visible. N’importe quelle voiture sur cette route fonctionne au-delà de ses aptitudes. C’est une route qui massacre les engins roulants.
La situation est plus que alarmante parce qu’ elle s’est normalisée dans son plus profond mal loin des ceux qui en sont responsables. Ceux qui en savent sont les propriétaires de ces centaines de véhicules bloqués dans les boues. Ils sont des conducteurs qui, à un moment, lâchent et construisent des campements en attendant que le sol sèche. Ces héros qui, désespérément, reprennent le voyage essayant de rassurer leurs pauvres passagers aux visages complètement défaits.
les chauffeurs et les passagers arrivent à Kisangani halbrenés par un voyage sur les plus mauvaises et insécures des routes. La qualité de cette route, la nationale numéro 4 (NR4) justifie les prix élevés des biens qui sont produits et importés de Butembo et
Yanick NZANZU Maliro pour le compte de « J’écris, je crie »