Cameroun: La Méchanceté d’un vieux

Cameroun: La Méchanceté d’un vieux

19 février 2025 Non Par Rédaction

Disons les choses clairement : n’utilisons pas de subterfuges pour parler de la situation politique au Cameroun.

Parlons-en ici et maintenant, en public. Faisons en sorte qu’il soit impossible d’accuser quiconque de faire l’apologie de la haine ou de l’insurrection, ou encore de se rendre coupable d’actes obscurs qui feraient de nous des prisonniers politiques ou des victimes d’assassinat, comme Martinez Zogo, ou de torture, comme tant d’autres au Cameroun.

Il serait impossible d’être accusé, car tout ce qui sera dit est vrai. Nous ne cesserons de répéter que nous sommes contre toutes les formes de violence. Nous prenons conscience de la situation politique et nous espérons toucher les mentalités.

Photo : Internet

La situation politique au Cameroun n’est pas réjouissante

C’est angoissant. C’est fatigant d’être sans cesse inquiet. Nous voulons vivre, avoir de l’espoir, mais c’est difficile parce que la situation politique ne permet pas d’en avoir.

Ce qui est terriblement énervant, c’est que beaucoup au Cameroun font comme si de rien n’était, comme si nous, qui sommes inquiets, étions fous, ou folles, et que nous voyons des choses qui n’existent pas.

Il y a quelques années, quand nous étions enfants, on disait qu’il y aurait l’émergence au Cameroun en 2035. Et aujourd’hui, quand on y pense, on se dit que c’était une date butoir pour la durée du mandat d’un homme aux cheveux éternellement noirs, qui peut se présenter aux élections présidentielles cette année, rester au pouvoir et, à la fin, nous retrouver en 2032. Puis il pourra se présenter à nouveau et nous serons alors en 2035 avec lui ; et l’émergence, qu’est-ce que ce sera alors ?

Ce qui est terriblement énervant, c’est que personne ne parle, pire encore, des jeunes arborent des t-shirts sur lesquels est imprimé le nom de cet homme aux cheveux éternellement noirs, suivi de « Émergence en 2035 », et sont fiers quand ils marchent au Cameroun.

Mais le comble du comble, il est tout simplement magique qu’il soit plébiscité pour être candidat aux élections présidentielles de cette année.

Tout ici est suspendu, arrêté, bloqué, et lent. Pourri de l’intérieur. Ce qui est incompréhensible. On nous ment, qui nous ment ? On en sait plus exactement qui est l’emeteur principal, secondaire, grossiste ou détaillant.

Est-ce que ceux qui nous mentent n’ont pas honte ? Comment peut-on mentir autant sans avoir honte ? C’est de la méchanceté pure.

Méchanceté est le seul mot qui convienne

Il est faux de croire que la paix est impossible au Cameroun après cet homme aux cheveux éternellement noirs ; il faut aussi qu’elle règne dans le sud-ouest et le nord-ouest.

La paix dont on parle est certes réelle quand nous marchons à Yaoundé ou à Garoua, mais elle doit être consolidée. Il faut aussi la paix dans ces régions.

Nous allons corriger ce que nous venons d’écrire : quand nous pensons à ce que nous appelons la paix au Cameroun, nous nous demandons si nous pouvons nous sentir en paix quand nous avons peur et faim. Nous avons deux mots depuis peu pour décrire ce sentiment général dans le pays : « pauvre paix ». Nous pouvons trouver mieux : triste paix ? Honteuse paix ?

Celles et ceux qui mentent diront que de toute façon, nous avons dit « paix » avant d’ajouter un autre mot.

Tout est bloqué et nous n’osons pas réfléchir aux défis de notre société camerounaise, parce que tout est bloqué. Nous ne rêvons pas, parce que tout est bloqué. Imaginer un autre Cameroun est inimaginable, parce que tout est bloqué et nous avons tous peur.

Il y a tellement à dire, nous sommes tellement énervés, tellement en colère contre tout ceci, tellement c’est incompréhensible, tellement surréel, tellement en dehors de la marche du monde, tellement honteux pour nous, Camerounais et Camerounaises.

Et pour que tout aille bien, il suffirait qu’un seul homme, aux cheveux éternellement noirs, annonce qu’il passe la main en cette année électorale.

Kamga