Le mouvement citoyen demande la libération de leur militant Mwamisyo Ndungo

Le mouvement citoyen demande la libération de leur militant Mwamisyo Ndungo

5 octobre 2023 Non Par Rédaction

Huit mesures proposées par le mouvement citoyen LUCHA à mettre en oeuvre pour la fin de l’état de siège à l’est de la Republique démocratique du Congo

Lorsque l’état de siège a été instauré en mai 2021, l’espoir d’une éradication complète des groupes armés qui terrorisent les populations du Nord Kivu et de l’Ituri est rené en dépit des limites perceptibles de cette mesure. Plus de 2 ans après, tous les acteurs gouvernementaux et non étatiques convergent sur le fait que la situation sécuritaire s’est davantage détériorée dans  l’Est de la RDC. En effet, se fondant sur les données crédibles du Kivu Security Tracker (KST), on révèle que 6597 civils ont été tués et 3685 ont été enlevés au Nord Kivu et en Ituri durant cette période de  l’état de siège. Pourtant, les données de KST indiquent que 2542 civils ont été tués et 1807 enlevés sur la même période de deux ans avant l’état de siège. Ces bilans comparés montrent que l’état de siège a amplifié la crise sécuritaire. 

En outre, des pans des territoires de Rutshuru, Masisi et Nyiragongo en province du Nord Kivu sont occupés contrôlés, exploités et administrés par les agresseurs du M23/RDF et les armées des pays de l’East African Community (EAC), commettant des meurtres, des viols, des pillages et d’exactions diverses. 

Au-delà de l’aspect sécuritaire, l’état de siège a consacré une gouvernance militaire non contrôlée des provinces ayant entraîné une gestion opaque et prédatrice des ressources publiques d’un côté et de l’autre une répression systématique visant les acteurs politiques et de la société civile critiquant les animateurs de celui-ci.

Le cas le plus emblématique  est celui de la figure du militant Mwamisyo Ndungo King de la LUCHA, condamné par la cour militaire du Nord Kivu à 5 ans de prison pour l’infraction d’outrage à l’armée pour avoir soutenu à travers les réseaux sociaux que les animateurs de l’état de siège ont failli à leur mission. L’institution de nouvelles taxes, la forte pression fiscale, la spoliation des parcelles de l’Etat, … font désormais partie du quotidien des populations du Nord Kivu et de l’Ituri. 

Au regard de ce bilan largement négatif, nous appelons à la levée pure et simple de l’état de siège à l’issue de cette table ronde et à la réhabilitation ou la restauration des institutions provinciales tels que prévu dans la constitution

Cependant, le simple fait de lever l’état de siège ne signifie pas le rétablissement de la paix et la sécurité au Nord Kivu et en Ituri. Ainsi, la LUCHA propose les mesures alternatives suivantes pour pacifier, stabiliser et relancer les deux provinces sus-évoquées:  

  1. Relancer les opérations militaires de grande envergure contre le M23/RDF et d’autres groupes armés en prenant préalablement le soin d’extirper  les officiers et militaires soupçonnés de violations graves de droits humains, des collisions avec les groupes armés ou de trafics divers (a) et en allouant des moyens financiers et logistiques conséquents auxdites opérations (b); 
  2. Mettre immédiatement un terme aux opérations militaires et à la présence de la force de l’East African Community (EAC) qui cohabite avec le M23/RDF au lieu de le combattre, démanteler la MONUSCO qui fait preuve de passivité depuis des années et étendre l’opération Shujaa menée conjointement par les armées congolaises et ougandaises aux zones à fort activisme de l’ADF au Nord-Kivu et en Ituri,
  3. Mettre en œuvre de toute urgence le Programme de désarmement, démobilisation, réinsertion communautaire et stabilisation (PDDRC-S) afin de donner une voie de sortie efficace et sûre aux combattants des groupes armés locaux qui déposent les armes. Pour ce fait, l’ex M23 Tommy Tambwe doit être remplacé à la tête de ce programme par des animateurs sérieux et crédibles, 
  4. Tout en saluant les commémorations officielles du génocide congolais (GenoCost) chaque 2 août, il faut en plus saisir sans délai les Nations Unies pour demander la création d’un tribunal pénal spécial pour la RDC ou d’un mécanisme internationalisé équivalent devant juger les principaux auteurs congolais et étrangers des crimes graves commis en RDC depuis 1990, y compris ceux documentés dans le rapport mapping ; 
  5. Mettre en œuvre un programme d’allégement fiscal et de relèvement économique dans les provinces concernées afin de relever l’économie locale très affectée depuis des années par ces violences armées. À cet effet, l’ouverture de la route nationale N°2 est une urgence afin de relancer le trafic des personnes et commerciales en province du Nord Kivu ;
  6. Répondre aux exigences et revendications de la classe politique et de la société civile/mouvements citoyens quant à la régularité, la transparence, la crédibilité et l’inclusivité du processus électoral en cours, afin de mettre fin aux crises récurrentes de légitimité qui ont des conséquences graves sur notre sécurité et notre souveraineté. À ce sujet, nous nous opposons âprement à toute idée d’organiser les élections sans les circonscriptions électorales de Masisi, Rutshuru et Nyiragongo, actuellement occupés et contrôlés par les agresseurs du M23/RDF, 
  7. Poursuivre et accélérer le processus de réforme substantielle de l’armée et service de sécurité (vetting du commandement, moyens logistiques, améliorer les soldes et les conditions sociales des militaires et leurs dépendants, renforcer la discipline, recrutement efficace et programmé, construction des casernes et des écoles militaires modernes, …) afin de construire  une armée républicaine, professionnelle et capable de protéger les congolais, leurs biens ainsi que leur territoire, 
  8. Allouer une assistance humanitaire conséquente et complète d’urgence aux millions de Congolais vivant dans les camps de déplacés en province du Nord Kivu et en Ituri en attendant leur retour définitif dans leurs milieux d’origine après le rétablissement de la paix et la sécurité.

Par ailleurs, les différents abus de pouvoir et violations des droits humains vécus pendant l’état de siège méritent d’être réparés. À cet effet, nous demandons que les résolutions suivantes soient adoptées à l’issue de cette table ronde : 

  • La mise en place d’une commission parlementaire au niveau des assemblées provinciales du Nord Kivu et de l’Ituri afin d’identifier, valider la régularité et la pertinence des taxes, de cessions et désaffectations des parcelles de l’Etat opérées au cours de l’état de siège, 
  • La libération immédiate et sans condition de tous les prisonniers politiques de l’état de siège. Au Nord Kivu, il s’agit de Mwamisyo Ndungo King de la LUCHA à Goma, de Fiston Isambiro de la Véranda Mutsanga à Beni, de Nicho Sivyaghendera de l’Ecidé à Kasindi et de Delcat Idengo, artiste musicien de Beni détenu à Goma.

Pour la LUCHA

Cellule de communication