Les Forces Armées de la République démocratique du Congo serait-elle une boule hétéroclite d’hommes armés sans l’âme de la République? Analyse

Les Forces Armées de la République démocratique du Congo serait-elle une boule hétéroclite d’hommes armés sans l’âme de la République? Analyse

27 mai 2022 Non Par Rédaction

Il n’y aura pas de paix à l’Est du pays sans une armée républicaine efficace et dissuasive.

Certains militaires sont courageux, intelligents, formés et prêts à se battre. On se souvient encore du Général Mamadou Ndala d’heureuse mémoire. Cependant, il manque à ces soldats des moyens de survie en tant qu’humain et puis en tant que force-travail pour la protection du territoire et des citoyens Congolais et ceux résidents au Congo.

Dans les combats actuels qui opposent les FARDC aux miliciens du M23, des citoyens s’organisent pour soutenir les militaires.

Goma Actif, un collectif des jeunes de Goma a organisé des mini concerts de rue où les citoyens chantent l’hymne nationale en soutien aux militaires au front. D’autres, comme ceux du mouvement citoyen LUCHA, Lutte pour le Changement font des collectes des vivres pour les offrir aux militaires au front.

Moment de homage aux militaires organisés par le collectif Goma actif. Photo : Vickhy Batezi

Cette solidarité répond essentiellement à des questions logistiques ou psychologique, mais elle n’assure pas la marche vers la victoire sur le M23 en particulier et sur l’ensemble des groupes armés.

Cette solidarité devrait interpeller les dirigeants à tous les niveaux du pays sur leurs incompétences, leurs mauvaises foi et les conséquences qui en suivent : sacrifice suprême pour les militaires, déplacements massifs des civils ou encore l’agression d’une armée extérieure.

L’histoire spécifique de la milice M23 interroge profondément l’état de l’armée nationale congolaise. Les 16 ans de guerre (entre 2006 et 2022) de cette milice qui se métamorphose soit en groupe armée, intégré dans l’armée ou en parti politique  démontre des failles profondes du secteur de sécurité et la nécessité d’une réforme.

Les solutions occasionnelles à diverses étapes n’ont pas réglé la question de la paix à l’Est du pays.

L’impunité qui règne au sein de l’armée favorise des récidives et alimentent les tentatives de déstabilisations du pays. La reconnaissance des grades de plusieurs seigneurs de guerre et leur intégration dans l’armée a tué le corps et l’âme de l’armée et cela a eu des effets sur ses performances.

Il y a une urgence de rétablir les pratiques valeureuses au sein de l’armée, du recrutement  jusqu’à l’attribution des grades et des fonctions. En ce sens, la justice jouerait un rôle important.

Les guerres interminables sont aussi dues à une diplomatie défaillante construite sur des hypocrites alliances régionales et internationales.

Pour la petite histoire : Le mouvement  du 23 mars, M23 est né autour des années 2012. Il revendiquait  le combat de congrès national pour la défense du peuple (CNDP) de Laurent Nkunda et de Bosco Ntaganda. Laurent Nkunda et sa milice avaient contrôlé une partie du territoire de Masisi entre 2006 et 2009. Les motifs de leur combat ont évolué avec le temps, mais ils tournent autour du contrôle de la menace que constituent les FDLR (forces des libérations du Rwanda) et la protection de la minorité Tutsi.

En 2009, Laurent Nkunda sous un mandat d’arrêt émis par la République Démocratique du Congo va  s’exiler au Rwanda. Le Rwanda a refusé son extradition.

Bosco Ntaganda sera promu au grade de général et aux fonctions de commandant des opérations militaires dans les Nord et Sud Kivu. La même année, plusieurs militaires et dignitaires de cette milice seront intégrés  dans les instances politiques et militaires par les opérations de brassages et de mixages. Le CNDP était même devenu un parti politique dirigé par Désiré Kamanzi.

Les accords de paix de Nairobi du 23 mars 2009 ont ainsi encadré un certain équilibre entre les anciens rebelles et le gouvernement congolais.

Au mois de mars 2012, Joseph Kabila, encore président de la République, décide de muter différents officiers qui jadis étaient du CNDP vers d’autres provinces autre que le Nord Kivu. En même temps, il prend position pour le jugement de Bosco Ntaganda au Congo (au lieu de le livrer à la cour pénale internationale pour ses crimes de guerres et crimes contre l’humanité).

La tension va ainsi monter et une rébellion naîtra les mois suivants avec comme nom, la date des accords précédents, le mouvement  du 23 mars.

Ils vont occuper les territoires de Rutshuru. En fin d’année 2012, sans beaucoup de difficultés, ils vont prendre la ville de Goma. Selon plusieurs enquêtes internationales, le M23 serait soutenu par le Rwanda.

Le brassage ou le mixage, et les diverses manœuvres qui déversent dans l’armée nationale les groupes armés ont affaibli celle-ci.

Ces poids circonstanciels des décisions politiques qui sont subis par l’armée ne sont pourtant qu’une partie des tares de cette armée. Plusieurs fois, les hommes armés sous le drapeau ont pris position en faveur des hommes politiques influents. Il y a eu dans le passé les affrontements à Kinshasa entre la garde de Jean Pierre Bemba et la garde présidentielle de Kabila. Il y a plusieurs fois des alertes des militaires affairistes, des généraux qui détournent des salaires militaires ou seulement l’observation simple de la vie dans les camps militaires font l’interface avec une institution miserable.

Plusieurs tentatives de réforme de l’armée ont déjà eu lieu depuis. Certains ont même inclus des campagnes de recensement de jeunes et des formations des commandos. Cependant, une fois ces jeunes formés, ils sont affectés dans une institution défaillante, qui suce leurs innocentes motivations. Ils n’ont pas des salaires adéquats pour vivre, ils n’ont pas une assurance sanitaire. Et dans certains cas, ils doivent se procurer chacun selon ses moyens de l’équipement militaire de qualité.

La politique de Tshisekedi semble malheureusement ne pas considérer les problèmes profonds de l’armée. Un degré signé par le président lui-même a donné le plein pouvoir à l’armée dans les zones sensibles du Nord Kivu et de l’Ituri en consacrant l’Etat de siège. En cette période du 3 mai 2021 au 3 mai 2022, d’état de siège, les exactions des groupes ont continué parfois avec une intensité majeure, les droits de l’homme n’ont pas été respectés et des nouvelles taxes ont été imposés aux citoyens par le gouvernement locale militaire sans aucun suivi et contrôles des dépenses et des recettes des institutions.