L’implication du CAE (Communauté d’Afrique de l’Est) pour la Paix en RD Congo est assise sur les objectifs économiques

L’implication du CAE (Communauté d’Afrique de l’Est) pour la Paix en RD Congo est assise sur les objectifs économiques

7 juin 2022 Non Par Rédaction

En date du 8 avril 2022 la RD Congo avait signé un traité permettant d’intégrer  la Communauté d’ Afrique de l’Est ou East African Community, en anglais). Ainsi, au-delà du simple partage de frontières, les 7 pays membres de la CAE ont désormais un intérêt commun : la préservation de leurs intérêts économiques. Peu après cette entrée dans ce regroupement, des assises pour la Paix ont été organisées et l’implication des autres pays membres est remarquable.

Le préalable à un cheminement équilibré, est la stabilité politique et sécuritaire de tous les membres. D’où l’invitation des groupes rebelles, dont le M23 (Mouvement du 23 mars) pour des négociations.

Les habitants fuyant la guerre du M23, debut juin 2022. photo: Moses Sawasawa

Au sommet de Nairobi, la RD Congo n’avait pas su négocier la paix face à un M23 divisé.

Deux semaines plus tard, un sommet réunissant cinq pays membres de la communauté de l’Afrique de l’Est s’était tenu à Nairobi le 21 Avril 2022 sous la facilitation du Président Kenyan Uhuru Kenyata.

L’agenda portait sur la situation sécuritaire à l’Est de la RDCongo ainsi que la recherche des solutions aux revendications des rebelles du M23 et d’autres groupes armés en provenance d’Ituri et du Sud Kivu.

Dans les coulisses, de nombreux spécialistes de la région mettaient déjà en avant le flou qui régnait autour de l’organisation de ces discussions. Au sujet du M23, ils interrogeaient le retrait effectué le 6 avril, des positions qu’ils avaient conquises un mois auparavant dans le territoire de Rutshuru, dans la province du Nord Kivu.

Que réclame le M23 ?

Dans un document qui avait beaucoup circulé sur les réseaux sociaux et daté du 29 mai, le porte-parole du M23, le Major Willy Ngoma, souhaite des réponses concrètes aux revendications du mouvement qu’il représente. « Lorsque Félix Tshisekedi est arrivé au pouvoir [janvier 2019, ndlr], il nous a appelés à Kinshasa pour des négociations qui ont duré 14 mois, et nous avons trouvé des compromis. Ce que nous attendons maintenant du gouvernement, c’est la concrétisation pure et simple des accords dûment signés. », rappelle le Major.

En résumé, ces accords stipulent ce qui suit :

  • Reddition totale et sans condition des combattants du M23 et leur cantonnement au camp militaire de Mbanza Ngungu, dans la province du Congo Centrale. Les frais de la logistique étant à la charge du gouvernement Congolais.

  • La mise à disposition du Gouvernement de la République de tous les Membres du M23 politiques et militaires ainsi que le déploiement de ces derniers dans les zones insécurisées pour aider les FARDC à y restaurer l’autorité de l’Etat.

La « mise à disposition » du M23 semble être une contorsion de langage qui vient contredire le point sur la « reddition sans condition » qui implique la démobilisation.

Selon ces analystes, quand le M23 parle de « la mise à disposition du gouvernement » de tous ses militaires et politiciens, il demande clairement leur intégration pure et simple à l’appareil d’Etat (comme furent les opérations de brassage en 2009). Il demande des reconnaissances des grades militaires et politiques qu’ils avaient au sein du M23, ainsi qu’une reconnaissance tacite du M23 comme parti politique, comme à son ancêtre le CNDP en 2009.

Un mouvement divisé

Le 23 Avril 2022 vers 13h50 GMT, des affrontements avaient repris entre M23 et FARDC. Probablement, parce que deux délégués du M23, Monsieur Makenga et Monsieur Bisimwa étaient exclus des discussions de Nairobi, car chassés par le gouvernement congolais de la salle. Les deux principaux exclus, ont fait le démenti de cette information. Ils se disaient simplement en « suspension » et en attente de la suite. En attendant, les travaux avaient été poursuivis avec les représentants fidèles à Monsieur Runiga, un autre cadre de ce mouvement.

L’échec de ces négociations du mois d’avril serait donc à la base de la récente guerre.

Ce nouvel affrontement entre les deux camps est intervenu trois semaines après la fin de la première étape de la négociation initiée à Nairobi, au Kenya.

Selon le porte-parole de l’Armée dans la région, les unités des forces loyalistes étaient en patrouille dans la zone de Kabasanza quand elles ont été attaquées par les hommes de Sultani Makenga, chef militaire du M23, se trouvant à Runyoni lors de l’attaque depuis le 19 mai dernier.

C’est cette aile écartée des négociations de Nairobi et qui se bat dans le Nord Kivu, qui vient de valoir au M23 d’être classé comme organisation terroriste par la République Démocratique du Congo.

Face aux accusations des forces loyalistes, le groupe terroriste M23 dément et accuse les FARDC d’avoir en premier pilonné ses positions à Gasina, Rushari et Runyoni avec l’aide des FDLR.

Pendant la même période, les émissaires composés des représentants de la présidence congolaise et l’ambassadeur du Kenya en  RDCongo se sont rendus en Ituri et dans les deux Kivu pour rencontrer les délégués des rebelles, milices des autres mouvements armés.

Ces récents affrontements entre les terroristes du M23 et les forces loyalistes ont deja fait plus de 70 000 déplacés de guerre internes.