Mauritanie, un pays asphyxié
22 janvier 2025La situation socio-politique en Mauritanie est délétère. Le pays est en stagnation et le gouvernement ne favorise pas le dialogue avec le peuple.
Mohammed Ould Ghazouani est président élu en 2019. Depuis, il a maîtrisé la question sécuritaire dans le pays, où il a d’abord exercé comme ministre de la Défense. Depuis 2011, il n’y a pas eu d’attentat terroriste.
La Mauritanie est isolée et ne fait parler d’elle ni en bien, ni en mal. Le gouvernement est composé de diplomates qui ne se soucient pas du bien-être de la population. Le président actuel est aussi le président de l’Union Africaine. Son leadership à la tête de cette grande institution n’a pas d’impact sur sa politique interne. Il a probablement été choisi pour équilibrer les rapports dans la zone du Sahel, où les dirigeants ont des politiques divergentes, surtout en ce qui concerne la lutte contre le terrorisme qui ronge la région. L’opposition politique est minoritaire, presque au point mort, et ses acteurs sont même incapables de simples dénonciations. Ces derniers ne sont pas capables de relever les défis d’un pays étouffé par une classe politique rusée et égoïste. Les ambassades et les diplomates sont complices et méfiants face aux problèmes du peuple.
Selon Makhtar Keita, pour impulser le développement, « il faut mieux sensibiliser et outiller les jeunes en matière de citoyenneté, les former sur le rôle des institutions démocratiques, la justice et le plaidoyer. Le peuple doit se réveiller et accepter de se mouiller le maillot pour faire des revendications, car la jeunesse est là. L’opposition doit être conséquente et se battre pour exiger de meilleures conditions d’action politique. »

Mokhtar Keita est né à Rosso, dans le Trarza. Artiste rappeur, il est le porte-parole de son peuple depuis 2003. Il a dénoncé dans ses chansons et sur le terrain les injustices et les violations des droits humains. Entre 2003 et 2014, il a été arrêté à quinze reprises, à la fois à Rossa et à Nouakchott, la capitale, pour ses actions non violentes en tant que coordonnateur du mouvement « Touche pas à ma nationalité ! ».
De 2014 à ce jour, il est membre actif de l’Initiative pour la résurgence du mouvement abolitionniste en Mauritanie (IRA), une ONG internationale qui lutte contre l’esclavage. Le président de l’IRA a déclaré à la BBC que près de 20 % de la population mauritanienne était composée d’esclaves.
Makhtar Keita est également président-directeur général du label Urban-Art-Entertainment, activiste national, défenseur des droits humains et coordinateur chargé de la communication du mouvement ILLA MATA.
Cette article a été écrit en collaboration avec Makhtar Keita, activiste