République Démocratique du Congo : une année des élections, regard rétrospectif
8 janvier 2025Espoir Ngalukiye : “les élections en RDC étaient une jungle! Le mandat de Félix est jusque-là désastreux!”

Les élections générales s’étaient tenues en République démocratique du Congo (RDC) le mercredi 20 décembre 2023. Il y a une année.
Elles sont allées jusqu’au 27 décembre à certains endroits certaines villes comme dans le secteur de Bapere, territoire de Lubero au Nord-Kivu, cela malgré l’obligation légale de ne tenir les élections qu’en un seul jour sur toute l’étendue du pays.
Pour la première fois, les élections municipales ont eu lieu. Mais seulement dans les 26 villes importantes, chefs lieu de province. Par exemple, dans la province du Nord Kivu, ces élections municipales n’ont eu lieu qu’à Goma. Des grandes villes comme Lubero, Butembo, Beni, Walikale, Kirumba n’ont pas des conseils communaux alors qu’elles ont pour la plupart plus de 100000 habitants. Cette discrimination n’est pas prévu dans la loi electorale.
La campagne électorale était émotionnelle pour un mandat sans impact.
- Une campagne électorale sensationnelle autour des thématiques inutiles
Le Président sortant Félix Tshisekedi qui lançait déjà ses piques visiblement adressés au gynécologue Dr Denis Mukwege, prix Nobel de la Paix 2018 et candidat président de la république, sans citer son nom, le Président Tshisekedi le qualifiait d’être le candidat de l’étranger tout en mentionnant la question d’homosexualité bien que cela n’a jamais été le combat. Dr Mukwege est médecin et son combat contre les violences basées sur le genre et la lutte contre les violences sexuelles est reconnu à travers le monde. Avec l’évolution de la campagne, le candidat des étrangers était devenu Moïse Katumbi quand il devenait de plus en plus populaire dans l’opinion publique. L’opposition trop défensive n’a pas proposé des cahiers de charge clairs pour les 5 prochaines années.
Dans ce pays en guerre depuis des décennies, plusieurs congolais croient aux complots et la communauté internationale est accusée de complice.
- Les manipulations identitaires avaient joué un rôle important durant la campagne électorale.
Dans un nationalisme du château des cartes, les tribus soutiennaient leurs fils. Certains candidats avec leurs quartiers généraux alimentaient des colères auprès de leurs électeurs en citant les tribus et des origines des candidats comme source du malheur des congolais.
- Les joies éphémères, par des cadeaux.
Une campagne électorale basée sur l’achat des consciences. Les électeurs demandaient ouvertement l’argent, les pagnes, la nourriture. “Sans distribuer l’argent, il était impossible de battre campagne” confie un député national, qui préfère l’anonymat. Il avoue avoir dépensé entre 100 000 et 150 000$ américains pour maintenir la fidélité de ses possibles électeurs jusqu’au jour de l’élection. Pendant la campagne électorale presque tous les candidats étaient gentils, accessibles, serviables, philanthropes. Des visages mensongers qui portaient des messages démagogiques. En face d’eux, ils avaient des électeurs dont la loyauté, la fidélité et la sincérité étaient quasiment nulles.
Des cadeaux originaux et créatifs : un candidat avait loué un restaurant à Beni où la nourriture était servi gratuitement à qui le désiraient; des véhicules de transport en commun étaient payés pour des foules entières à Goma ou à Kinshasa, les corbillards payés pour les familles éprouvés, le transport de l’eau dans les quartiers défavorisés, et le paiement des frais d’accouchement dans plusieurs hôpitaux du pays, les formations techniques et professionnelles étaient disponibles gratuitement tout au long de la campagne.
- Des promesses excitantes les unes que les autres, irréalistes, et parfois illégales.
Le Président sortant Félix Tshisekedi à qui la population rappelait tous les temps la cherté de la vie, le taux de change, le pouvoir d’achat, l’insécurité, les infrastructures,… était allé plus loin en disant qu’il va organiser la Coupe d’Afrique des nations de football avant la fin de son mandat en 2028 pourtant toutes les éditions de la CAN couvrant cette période sont déjà attribuées, il promettait aussi d’étendre la gratuité de l’éducation jusqu’au niveau secondaire [ce qui n’est pas constitutionnelle]; des candidats promettaient la fin de la guerre, la fin de la souffrance sans en donner un plan.
- La proclamation des résultats fut une déception collective :
Le vol des voix, la corruption des agents électoraux, la fraude, la détention des dispositifs électroniques de vote par les candidats, les humiliations de la police devant les bureaux de votes, d’attente interminables devant le bureau de vote, et d’autres dysfonctionnements de la commission électorale indépendante ont engendré la déception. Les résultats de la CENI ont démontré que la vérité des urnes n’est que partielle. la joie des cadeaux a été rapidement remplacée par la déception, le découragement ou le triomphalisme pour les autres.